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Union Nationale des Industries de la Manutention dans les ports français
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Le port de Bordeaux s’enfonce dans la crise
le 2 octobre 2018

« Port de Bordeaux, état d’urgence ! » Ce constat alarmant est lancé par Nathalie Delattre, sénatrice de la Gironde. L’élue a profité du passage à Bordeaux en fin de semaine dernière de la ministre des Transports, Elisabeth Borne, pour lui remettre un courrier au ton inquiet qui agite le risque « d’un fiasco industriel ».

De fait les mauvaises nouvelles s’accumulent pour une infrastructure dont dépendent environ 8.000 emplois, mais qui voit son trafic inexorablement reculer depuis des années. On a ainsi appris cet été la décision de MSC d’arrêter son activité de porte-conteneurs , suite à l’échec du projet de Terminal à conteneurs du Sud-Ouest (TCSO) sur lequel l’armateur italo-suisse avait bâti sa stratégie.

Pour compliquer les choses, le port n’a pas été dragué depuis des mois, alors que cette opération est rendue indispensable par sa situation au fond d’un estuaire. Après le mois de maintenance annuelle, la drague a rencontré un problème technique, puis est restée immobilisée en raison d’un mouvement social. « S’il n’est pas dragué le chenal s’enlise, menace les tirants d’eau et donc la compétitivité du port », précise Maud Guillerme, la secrétaire générale de l’Union maritime et portuaire de Bordeaux.

Une situation liée au placement en redressement judiciaire de la société BAT (Bordeaux Atlantique terminal) en charge de la manutention verticale dont l’activité va être reprise par le port lui-même. Le mouvement social qui portait sur des embauches supplémentaires a été levé et le navire « Anita Conti » devait reprendre son travail.

Climat social tendu

La situation reste pourtant très délicate avec « un climat social d’une extrême tension », constate Nathalie Delattre, ancienne élue du quartier Bordeaux Maritime. Les industriels et les élus, Alain Juppé en tête, n’ont eu de cesse de critiquer la gestion de la direction du port. « Le port de Bordeaux a beaucoup de potentiel, mais le dialogue n’est pas possible avec cette direction qui semble ne faire aucun effort. Alain Juppé a été obligé de convoquer son directeur pour avoir un échange », assure la sénatrice.

Un audit, mené par l’Agence des participations de l’Etat, la direction du Budget et le ministère des Transports devrait être rendu courant octobre. Quant au préfet de région, il a été chargé d’une mission de concertation. Une bonne partie des décideurs locaux réclament d’être associés à sa gestion et appellent à une régionalisation du Grand Port maritime de Bordeaux.

Le dossier est sensible, notamment à cause de l’opposition de la CGT. « La régionalisation n’est pas la solution et nous lutterons contre », affirme son délégué syndical, Cyril Mauran. Si la Région se dit prête à assumer cette responsabilité, son président Alain Rousset répète qu’il veut des garanties de la part de l’Etat sur la prise en charge des frais de dragages, soit 14 millions d’euros par an.

Frank Niedercorn (Correspondant Les Echos)